Le 21 septembre 2017, La Fabrique d’Assurance présentait en exclusivité le livre blanc sur la thématique
Handicap et vieillissement : un concept évolutif, un risque ou une opportunité dans une société plurielle.
(de g. à dr.) Thierry Baudet (Président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française), Marie-Claire CARRERE-GEEC (Présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi), Bernard Spitz (Président de la Fédération Française d'Assurance), Alexandre André (Directeur Général de La Fabrique d'Assurance)
Madame Carole Couvert, Vice-Présidente du CESE (Conseil Economique Social et Environnemental) a rappelé dans son discours d’ouverture que si les missions du CESE sont appelées à évoluer, l’objectif de cette troisième chambre constitutionnelle de la République est de devenir la chambre du futur, le lieu de toutes les consultations et débats publics.
Elle pourrait être le lieu dans lequel s’incarne l’article 15 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration », Les personnes qui siègent dans cette assemblée s’efforçant de dépasser les postures d’appareil pour y rechercher l’intérêt général.
Créée grâce au soutien et à l’engagement de Monsieur Frédéric LAVENIR, Directeur Général de CNP Assurances, La Fabrique d’Assurance se veut être un lieu d’enrichissement des réflexions menées par le secteur qui bien souvent se concentre sur des questions de solvabilité. Comme l’a rappelé Monsieur Jean-Louis Bancel, Président de La Fabrique d’Assurance, l’Assurance a pour vocation de répondre à des besoins de société et La Fabrique d’Assurance souhaite favoriser l’interaction entre ces besoins et le métier d’Assureur.
Deux tables rondes animées par Monsieur Alexandre André, Directeur Général de La Fabrique d’Assurance, ont alimenté les thématiques sociétales de cette édition :
La première sur le handicap et le vieillissement complétait les réflexions qui ont abouti à la rédaction du livre blanc « Handicap et vieillissement : un concept évolutif, un risque ou une opportunité dans une société plurielle ».
Monsieur Axel Kahn Président de la FIRAH (Fondation Internationale de la Recherche Appliquée sur le Handicap), considère que parmi les défis de l’évolution de notre société se trouve celui du vieillissement, et plus particulièrement celui du vieillissement des personnes en situation de handicap.
Il existe deux cas de figure : les personnes qui résident en institution et celles qui restent à leur domicile.
En institution, la question majeure qui se pose est celle de la convergence des nuisances liées au handicap – qu’il soit constitutionnel ou acquis – et du handicap lié à l’âge. Le vieillissement peut parfois aggraver considérablement le handicap préalable. Et très souvent le handicap entraîne un vieillissement accéléré. Ce renforcement mutuel est bien identifié mais pour le moment aucune solution adéquate n’est disponible.
Pour les personnes âgées handicapées à domicile, le problème plus spécifique est celui des aidants familiaux qui eux aussi vieillissent et disparaissent à leur tour. Plusieurs types de solutions ont déjà été testés, comme celle qui consiste à imaginer de nouveaux types d’habitat pour préserver l’autonomie de la personne, quel que soit son handicap. Cependant, si une personne âgée encore autonome ne trouve plus de magasins, bureaux de poste et médecins, elle devient fonctionnellement dépendante si la société ne parvient pas à compenser ces déserts médicaux.
Il apparait essentiel d’imaginer les solutions les mieux adaptées pour éviter l’institutionnalisation des personnes âgées et des personnes handicapées.
Le vieillissement est un sujet qui concerne chercheurs, assureurs et hommes politiques car rien n’est aussi prévisible.
Marie-Anne Montchamp ancienne ministre chargée des personnes handicapées a souligné le manque de données et la nécessité d’approfondir la connaissance des personnes handicapées vieillissantes et des situations propres à chacune, ceci afin de définir au mieux leurs attentes et leur capacité à vivre dans un environnement qui soit adapté à la fois au processus évolutif du handicap et à celui du vieillissement. Cette démarche nécessite l’intervention de nombreux acteurs pour répondre aux besoins de la personne et à l’évolution de sa situation, d’autant plus si la personne demeure à domicile. Les assureurs peuvent apporter des réponses sur la connaissance des personnes concernées et la mise en place de solutions innovantes pour accompagner la transformation vertueuse de notre système de protection sociale.
Monsieur Patrick Gohet Adjoint au Défenseur des Droits a mis en avant le caractère anxiogène du vieillissement et du handicap en se référant au film « l’avancée en âge des personnes handicapées, un défi à relever ».
Le vieillissement étant une vérité inexorable et fondamentalement inégalitaire, il apparait indispensable de prévenir ce vieillissement, la prévention devant porter sur le mode de vie, les activités physiques et sociales. Les personnes les plus handicapées étant souvent accueillies en institution, il importe d’intégrer l’avancée en âge dans les projets individuels et dans les projets d’établissements. A la fragilité liée à l’avancée en âge s’ajoute celle liée au handicap et il faut repérer l’apparition des facteurs qui indiquent que le processus d’avancée en âge s’accélère.
De plus, quand en raison de son handicap une personne est amenée à être accueillie par une institution, la formule de l’accueil temporaire est parfois envisageable ce dernier vaut aussi pour les accompagnants. Les projets d’institutions devraient comporter un volet qui concerne l’avancée en âge. La prévention va devenir essentielle dans notre pays qui est défié par la question du vieillissement, il importe de modifier le modèle culturel du vieillissement et de réfléchir à une stratégie destinée à répondre au manque et à la perte d’autonomie.
La deuxième table ronde abordait la thématique qui fera l’objet des prochaines réflexions menées par La Fabrique d’Assurance : « l’Assurance face aux défis » des nouvelles formes de travail.
Marie-Claire CARRERE-GEE, Présidente du Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE) a présenté les conclusions du tome 2 du rapport du COE qui conclut que compte tenu de la révolution digitale, les compétences nécessaires pour faire face à l’évolution du contenu du travail sont elles aussi amenées à évoluer.
Les compétences les plus susceptibles d’être recherchées étant de trois types :
Un besoin de compétences transversales seront utiles à tous les métiers. Le Comité d’Orientation pour l’Emploi a proposé une stratégie globale d’évolution des compétences au gouvernement qui souhaite agir dans le domaine de la formation professionnelle et investir dans le domaine des compétences.
Thierry Beaudet, Président de la FNMF (Fédération Nationale de la Mutualité Française) a rappelé que l’organisation actuelle de la Sécurité sociale ne répond plus aux besoins des trajectoires de vie professionnelle plus complexes et volatiles. Il invite à mener une réflexion pour penser la protection sociale dans une logique de trajectoire moins linéaire, moins statutaire et davantage centrée sur la personne pour l’accompagner dans les différents changements de sa vie professionnelle.
Enfin, Bernard Spitz, Président de la Fédération Française d’Assurance se réfère à la révolution Schumpétérienne qui valorise le concept de destruction créatrice sur le plan économique pour qualifier la période de transition que nous vivons actuellement.
Mais la question se pose aussi en termes de transition sur le marché du travail et des relations professionnelles. Plutôt que de destruction créatrice il est selon lui plus opportun de parler de construction hybride, l’évolution se faisant à des rythmes différents, selon les flux d’acquisition des technologies. Les nouvelles technologies entrainent un décalage dans la création de valeur physique et virtuelle. La localisation et la délocalisation se posent en de nouveaux termes et pour avoir une vision juste, il est nécessaire d’en intégrer à la fois les conséquences positives et négatives.
L’évolution du marché du travail a des impacts sur la protection des actifs. Il est nécessaire que les partenaires sociaux réfléchissent à l’adaptation des systèmes actuels de protection sociale trop souvent fondés sur des considérations de statut.
Quelles solutions le secteur de l’assurance peut-il proposer face aux besoins de protection sociale en cas de mobilité professionnelle, de convergence des régimes ou de chômage ?
Il faut réinventer une complémentarité entre L’Etat et les systèmes assurantiels. L’enjeu est social mais aussi juridique, non seulement au niveau national, mais aussi européen. Il importe de clarifier les régimes de responsabilité et de faire disparaitre l’incertitude réglementaire.
Les assureurs doivent s’impliquer pour trouver des réponses. La plupart des compagnies d’assurance ont intégré une démarche avec une AssurTech. Elles ont besoin de se régénérer et de modifier leur modèle économique à travers les différentes novations que permet la révolution digitale.